Louis Kayitalire

Louis Kayitalire, MD, Chief Medical Officer chez F-star Biotechnology Ltd 

Pouvez-vous nous résumer votre parcours et les moments clés qui vous ont conduit à la position que vous occupez aujourd’hui ? 

Tout a commencé dans le département de médecine adulte de Gustave Roussy du Pr Thomas Tursz où j’ai passé huit années. C’est dans ce même Département que les travaux du Dr Thierry Le Chevalier, un leader exemplaire, ont permis d’établir les standards de chimiothérapie et de radio-chimiothérapie dans les cancers du poumon. Je retiens encore le soutien et l’amitié de Marc Spielmann, qui m’ont également préparé au chapitre suivant de ma carrière. 

Mes premiers pas dans l’industrie pharmaceutique ont commencé chez Eli-Lilly en France. Un poste global au sein de la maison mère dans l’Indiana, aux Etats-Unis, m’a ouvert les yeux sur la complexité de la recherche clinique d’un continent à l’autre et de l’approbation des médicaments au niveau mondial. J’ai fait partie des équipes qui ont obtenu l’approbation de la Gemcitabine et d’ALIMTA dans plusieurs indications.

Arrivé chez BMS aux essais précoces, dans l’Etat du Connecticut (Etats-Unis), j’ai pris part aux premiers essais chez l’Homme, un domaine relativement nouveau pour moi. J’ai également été impliqué dans le développement des inhibiteurs de l’EGFR.

De retour en France, j’ai dirigé la recherche clinique en Europe pour un autre laboratoire américain, Cephalon. En tant que vice-président, j’y ai été en charge de la recherche clinique en oncologie, mais également dans d’autres domaines thérapeutiques comme le Système nerveux central ou la douleur. Cela reste pour moi un moment clé qui m’a permis de comparer la recherche en oncologie et hors-oncologie, deux modèles différents mais complémentaires et qui se sont toujours influencés. 

Après la disparition de Cephalon, je suis revenu aux Etats-Unis. Grâce à l’expérience acquise dans le traitement du cancer du pancréas chez Lilly, j’ai pu contribuer au lancement global d’une nouvelle indication dans cette tumeur en tant que vice-président mondial des laboratoires Celgene

Face à l’intérêt croissant et à la place prise par l’immunothérapie en oncologie, je suis revenu à BMS dans le New Jersey (Etats-Unis) comme vice-président avec une forte implication dans le développement des inhibiteurs des points de contrôle dans les tumeurs digestives et le glioblastome. 

Depuis 3 ans et demi, j’occupe la fonction de Chief Medical Officer pour le développement clinique d’une biotechnologie anglo-américaine basée à Cambridge en Angleterre. Cette structure est chargée de développer une nouvelle génération d’immunothérapie connue sous le nom de Bispécifique.

Quel poste avez-vous occupé à Gustave Roussy ?

J’ai été résident senior.

Qui était alors votre mentor / manager ?

Le Pr Thomas Tursz. Je garde de lui cette capacité à associer la recherche fondamentale, qui se faisait à l’époque dans le pavillon en face du département de médecine, et la recherche clinique avec les patients, réalisée dans le bâtiment principal.

Quel est votre meilleur souvenir de cette époque ? 

Mes patientes et patients. Je conserve un souvenir ému de la relation qui s’établissait entre nous. Il me reste encore un Louis d’or qui m’avait été offert par l’une de mes patientes me disant que j’étais « le Louis en or » !

Que vous ont apportées vos années passées à Gustave Roussy ? 

L’envie de continuer à me battre pour les patients avant tout. Mais aussi, l’amour de la science et de la recherche… et l’amour tout court ! C’est en effet à Gustave Roussy que j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme et qui m’a donné deux très belles filles !

Quels conseils aimeriez-vous donner aux jeunes Alumni de Gustave Roussy ? 

Gardez toujours cet objectif en tête : la guérison du cancer. En attendant, ne baissez pas la garde et continuez le combat.